Je me souviens…

Je me souviens…

Nous sommes ce jour, 6 juin 2000, j’ai mangé un peu mieux, sur les conseils de Jean-Luc, ai fumé quelques pipes et vais aller me reposer : il est actuellement 21h00. Grâce à Dieu, je dors toujours parfaitement bien.
Je n’ai mal nulle part, ne prends plus mes médicaments depuis au moins une semaine mais je m’endors toujours en mangeant du chocolat.
Ma chérie et moi, nous nous téléphonons maintenant au moins deux fois par jour car je sais qu’elle a des misères…
Heureusement qu’elle dispose d’une voiture : une belle Toyota Yaris. Avec cette dernière, elle vient d’avoir un léger accident, voici huit jours au carrefour de l’ancien abattoir ; on lui a refusé la priorité et le chauffeur adverse s’est enfuit. Elle est allée au commissariat de police. Les policiers lui ont précisé avoir déjà enregistré 315 délits de fuite comme le sien depuis le début de l’année…
On va lui remplacer les deux portes gauche car actuellement, les tôliers d’antan, n’existent plus, on remplace et change tout – ici, pour un coût approximatif de 10000 Frs – peu importe car Janine est assurée « tous risques » mais avec une franchise de 800 Frs ! Le principal est qu’elle ne souffre d’aucune blessure suite à cet accident – Merci mon Dieu !

Vendredi prochain 9 juin 2000 : nous sortons à deux car ma chérie fêtera ses 73 ans. Je pense que nous irons déjeuner au « Régent » à Saint Nicolas les Arras ; espérons qu’il fera beau car nous pourrions en ce magnifique restaurant, manger dans les jardins près de l’eau (la Scarpe chantée par son aïeule Louis Legay, y coule paisiblement).
Je vais donc sortir mon beau costume blanc pour l’honorer et lui plaire. Elle sera ? Je ne sais ? mais de toute manière, toujours coquette, c’est un amour et je l’aime toujours.

Je me souviens… de mes beaux-frères

Si je vous parlais de nos deux beaux frères ?

Commençons par Charles Legay, le frère de Janine :
Je vous ai déjà dit que c’était , diable un beau garçon à cheval, comme spahi lors de son service militaire. Il s’est attiré de nombreuses amourettes ; c’était de son âge, mais il s’est marié avec Berthe Camus d’Anzin Saint Aubin – elle est morte le 9 juin 1998 à l’âge de 75 ans, à Farbus.
Charles ne voyait que par sa petite sœur, c’était un amour plus que naturel et cela dure encore toujours aujourd’hui.
Charles m’emmenait souvent à la chasse et me prêtait son fusil… mais je n’ai jamais tiré grand chose !

Je me souviens… un jour, dans le bois de Vimy, j’ai eu à portée de fusil un superbe chevreuil… il était si beau que je n’ai pas su le tirer mais je ne le regrette absolument pas.
Charles nous invitait souvent à ses repas gastronomiques ; ma chérie et moi aidions à la cuisine et notre dernier Jean-Luc , au service de plus de 60 convives, le plus souvent…
Que de fêtes mémorables dans ce bois de Vimy, dans le superbe pavillon de chasse réalisé par Charles.
Par profession, Charles était négociant en radio Télévision, d’abord au coin de la rue d’Amiens et de la rue de Paris, à Arras puis par la suite, en plein centre ville dans un magnifique magasin au pied de la résidence Gambetta, du nom de la rue (là où se trouve actuellement, les négociants en cuirs, des chinois !)
Mais Charles vivait avant tout de tirs aux pigeons internationaux qui le menaient dans tous les pays du globe. Il a même été de nombreuses années champion du monde de tir aux pigeons vivants, ces championnats se déroulant, le plus souvent en Espagne.
Charles a toujours été bon pour tous, il l’est encore aujourd’hui… il nous a donné toute sa vie de grand chasseur, de nombreux gibiers (surtout des perdreaux que chérie mijotait et nous servait sur canapés avec une sauce maison au cognac et crème fraîche)
Il nous a ramené une superbe gazelle vivante , prénommée Nubie, d’une de ses chasses au Tchad…

Je me souviens… d’une anecdote cuisante avec Nubie : Nubie vivait dans notre beau jardin de la grand’place ; un jour, Philippe eut l’idée de la prendre en laisse et de tenter la promener sur le boulevard Faidherbe, en direction de la salle des sports Vandamme (là où se trouve la déchetterie , actuellement), donc à cette époque, la sortie de la ville, des terrains vagues.
Mal, lui en a pris car la gazelle se prit de liberté, attirée par les herbes folles au loin, bondit au dessus des voitures au carrefour Michonneau… la voix du nord vint pour relater l’histoire et Nubie ne revit plus que notre jardin comme décor.
Ah aussi, Nubie adorait les bouquets de fleurs que je ramenais du marché, pour ma chérie, elle mangeait également les franges de tapis – elle était apprivoisée mais ses yeux doux et extraordinaires de profondeur, lui donnaient toutes les excuses…

Je me souviens… que Charles nous a souvent invités, avec toute la famille, dans son splendide appartement à Alicante (Albufereta), en Espagne : grand et luxueux appartement au bord de la méditerranée avec plage privée. C’était la grande vie !

Charles et mon épouse, Janine , sa sœur, étaient et sont toujours inséparables comme je le suis avec ma sœur Marie-Thérèse.

De Marie-Thérèse, j’ai eu également un autre beau frère : Jacques Duhin , né en 1925, et malheureusement décédé fort tôt le 13 septembre 1992 à 5h30 en l’hôpital d’Arras.
Jacques avait une belle situation comme directeur général de l’entreprise « Plomberies et Canalisations » appartenant à Monsieur Flautre, un très brave gars !

Je me souviens… que sa santé n’était pas florissante ; il allait souvent consulter des spécialistes sur Lille car il souffrait d’une affection de son sang ainsi que de son coude… il saignait souvent mais ne disait rien à personne, il ne se plaignait jamais. Jacques était affable avec tous, pleins d’attentions envers ses proches. A cette période, nous nous rencontrions souvent – c’était le bon temps !
Il nous recevait au jour de l’an d’une façon magistrale et nous déjeunions souvent ensemble ; il m’a laissé que de bons souvenirs.

Jacques et Marie-Thérèse eurent deux filles, des plus ravissantes.
L’aînée Monique est devenue religieuse dans la congrégation des Ursulines de l’union romaine, après avoir été cheftaine Scout puis institutrice (et bonne skieuse)…
L’autre, ma nièce, ma petite Colette, travaille chez les malentendants à Arras.
Monique, devenue Sœur Marie-Monique semble maintenant en bonne santé (après des soucis de santé, il y a quelques années) ; elle est revenue de son affectation parisienne, vers la communauté arrageoise, en l’institution Jeanne d’Arc à Arras, rue Emile Legrelle, pour s’occuper de sa sœur qui vient de contracter une « vilaine » maladie…
Faisons confiance en la providence !

Ma petite sœur adorée, vit seule dans un très bel appartement au 68, boulevard Faidherbe. Nous nous téléphonons un jour sur deux ; elle est très bavarde au téléphone mais elle me réconforte car je passe des jours sans voir personne sauf mon Jean-Luc qui vient tous les soirs.
A Jean-Luc, je lui prépare un beau verre dans lequel, il aime déguster une bonne bière ; j’y place à côté un rocher en chocolat qu’il ne refuse jamais, passe quelques minutes avec moi, parfois plus mais s’il ne venait plus, je serai profondément déçu.
Nous parlons de tout et de rien, des enfants, de Danielle son épouse, de son jardin, de son travail sur Lille (il n’a pas non plus le moral, car peu d’activités et ne semble plus considéré – tout le monde s’en fout, les employés viennent parfois une heure au bureau, une fois par semaine et son grand patron Jacques Mutez ne fait plus que de la politique au parti républicain de gauche… c’est triste).
Jean-Luc sait écouter les personnes âgés, car il est écoutant bénévole à SOS Amitiés !

Je me souviens… de Jean-Marc

Revenons à Jean-Marc et Jean-Luc : ils pesaient environ 900 grammes !
Par un grand malheur, Jean-Marc (qui était néanmoins le plus costaud) est décédé le 12 juillet 1953 à 9h45 au 88, rue saint Aubert à Arras ; nous habitions au 66 grand’place. Jean-Marc était né le premier à 10h50 et Jean-Luc à 11h00…
Jusqu’au dernier moment, nous n’attendions pas des jumeaux (pas d’échographie à cette période) ; Janine, ma chérie avait consulté de nombreux pédiatres et même une fois entrée en clinique, la sœur spécialiste en accouchements, n’avait pas diagnostiqué deux enfants.

Je me souviens… parfaitement que j’étais à la clinique ce 3 juillet 53 et que ma mère gardait les aînés à Ronville. Aussitôt que l’on appris la naissance d’un garçon : Jean-Marc, j’ai téléphoné à Maman… mais je lui ai dit : « Il y a encore un autre bébé à arriver » – Maman me dit : « Les garçons qui sont avec moi, vont se mettre à genoux pour prier la Sainte Vierge, afin que se soit une fille »
Hélas , plutôt tant pis, ce fut un quatrième garçon : Notre Jean-Luc.

Depuis le début de notre mariage, nous voulions des enfants et aurions aimé une fille que nous aurions prénommée Anne-Marie… tant pis… comme le chantait Edith Piaf : « Je ne regrette rien ».
Pour la curiosité, Francis est né à 9h45, Philippe à 2h15, les deux derniers, je vous l’ai déjà précisé. Le plus matinal fut Philippe, mais il a bien changé (ceci étant écrit en toute plaisanterie).

Vous parler de nos garçons ?

Ce serait plus de 50 ans de vie à écrire… ce sera à eux à le faire !

Ce que je sais, c’est que nous remercions le Seigneur chaque jour, de nous avoir donner d’aussi beaux enfants, bien constitués… ils nous ont donné beaucoup de misères, de tracas et nous en avons toujours, mais il faut retenir qu’ils nous ont donné également beaucoup de joies pour ainsi oublier les mauvaises choses… c’est cela aussi avoir et élever des enfants !

Je me souviens… de Tata Mone

Ah, il y a une personne dont je n’ai pas encore beaucoup parlé, pourtant cette sainte femme, en vaut la peine. Il s’agit de Tata Mone ou plus concrètement Tante Simone, la sœur de mon Papa, née à Lille et décédée à Arras en 1978, quelque temps avant son fils, sans doute de chagrin.
Tata Mone tenait une épicerie rue Saint Michel, à côté de la maison de ma sœur et de mon beau frère, là où actuellement se vend des produits italiens.

Je me souviens… de cette Tata… Tata Mone représentait la bonté même, la vraie bonté personnifiée, une gentillesse à toute épreuve.
Tata Mone s’est mariée à un cultivateur, excellent garçon Robert Démolin et en début de mariage, ils avaient repris une ferme à Lucheux , dans la Somme. J’y suis allé souvent en vacances car Tata Mone me gâtait généreusement et particulièrement.

Je me souviens… qu’en saison, elle me donnait des pépins de melon afin que je les sème dans son jardin – rien n’a jamais poussé hélas !
Dans cette ferme, je jouais dans l’immense cuisine sur la gauche de l’entrée ou dans la grande salle à manger, en face, à droite. Je dormais dans une très grande chambre à l’étage, j’étais très heureux et Tata Mone œuvrait sans répit à la ferme, Simone et Robert eurent un fils : Maurice, dont l’épouse est devenue la marraine de notre dernier Jean-Luc.
La grand porte de la cour de la ferme était haute et lourde avec des ferrures impressionnantes. Au cours d’une tempête, cette porte s’est rabattue sur mon oncle Robert, grièvement blessé, il décéda très rapidement après.
A la suite, notre Tata Mone , courageuse, voulu tenir la ferme seule, mais cela ne put durer et elle revint sur Arras près de son frère, où d’abord, elle logea petite place, pas loin de chez nous (ce devait être au dessus de l’ancienne boulangerie François , là où Vidocq vécu à Arras et y vola du pain).
Tata Mone venait aider Maman, dans son épicerie avant de reprendre elle-même une épicerie à l’angle des rues Noël Tranin et Saint Michel (déjà cité). Elle eut un mérite incroyable : se levant très tôt chaque jour pour tirer sa lourde charrette jusque chez Rosello , grand’place, le grossiste en légumes et primeurs ou encore jusque chez Lefebvre, rue Paul Perrin, grossiste en pâtes et semoules diverses, ou encore chez Levast, un autre grossiste du Boulevard Faidherbe !
Son commerce fonctionnait bien, mais son magasin semblait trop petit car elle vendait de tout : fruits, légumes, épicerie, vins, lait, beurre, charcuterie etc. droguerie, confiserie, bonbons…

Durant la guerre, les allemands se ravitaillaient parfois chez elle car Tata Mone vendait d’excellents produits et s’approvisionnait avec de rares produits dans le commerce, à cette époque, tel que le fameux cognac « Otard » ou  » Hennessy », très prisés par les armées d’occupation. Ma sœur et moi, allions lui chercher à Lille des produits qu’elle ne trouvait pas sur place ; pour cela tous deux, nous montions dans un camion un peu poussif, des établissements Douchet, alors très gros grossiste en quincaillerie et marchand de fer (nous nous ravitaillions à Seclin puis dans la banlieue sud de Lille, pour ce genre de marchandises).
Les Douchet, nous sommes devenus amis, bien plus tard, avec le fils, devenu PDG, lorsque nous organisions les quêtes pour les enfants inadaptés des environs d’Arras, tout ceci, dans les années 60, avec nos fameux amis Hersant (déjà cités).

Bref, nous étions heureux de grimper dans ce camion et rendre un sacré service à notre Tata Mone. Cette dernière arrivait à se procurer de tout, durant la guerre, pourtant nous étions tous rationnés… nous avions même des tickets pour le savon ainsi que pour le tabac.

Je me souviens… qu’à cette époque, alors que nos fiançailles débutaient, Tata Mone aimait beaucoup Janine, ma chérie. Elle lui offrait du beurre, et même une fois un jambon entier (suprême cadeau en ce temps de disette).

Lorsque nous étions mariés, pourtant partis sur le Touquet, Tata Mone nous donnait une multitude de tickets de rationnement et nous avions deux épiceries pour les déposer car nous ne voulions pas attirer l’attention d’un seul commerçant.

Plus avant, alors que j’étais encore à Estrée-Blanche, je pouvais même fournir des tickets de rationnement pour plusieurs fumeurs de tabac !

Je me souviens… que, souvent les dimanches, Tata Mone venait manger chez nous rue du Commandant Dumetz puis rue Jules Mathon ; j’avais le droit, seul , d’aller sur le trottoir pour l’attendre mais pas plus loin que la pharmacie Jupilet (actuellement tenue par la pharmacienne Galletout). Et je voyais notre tante, arriver les bras charger de tout. Elle nous gâtait tous énormément (elle continua toute sa vie, jusqu’à gâter nos enfants surtout Jean-Luc).

Papa, mon père, tenait la comptabilité de sa sœur, mais hélas il n’avait que de petits ennuis avec sa caisse car Tata Mone , trop bonne, se faisait rouler, elle faisait crédit à toute la cité Goudemand (actuellement, rue Philippe Gerber, au fond de la rue Noël Tranin, là où habite Colette Duhin, la fille de ma sœur, donc ma nièce).

Hélas Tata Mone est décédée… comme tout le monde, et notre peine fut très grande !
Son fils a tout vendu et lui même, est décédé d’un cancer généralisé à la clinique « Bon Secours », place de la préfecture (celle-ci déménageant pour 2002 à la sortie ouest d’Arras, dans la zone d’activités des Bonnettes). Maurice était le parrain de Francis, son épouse Gisèle, la marraine de Jean-Luc.

Je me souviens… qu’étant jeune, Maurice, brave type tout de même, avait attrapé la tuberculose ; il venait se reposer chez mes parents, rue Jules Mathon. Maman n’était pas infirmière mais elle allait soigner un des fils Serusier, alors que ses parents (à lui) tenait une épicerie « Dreux » au coin de la rue du Commandant Dumetz et de la rue Jules Mathon, elle soignait bien d’autres personnes dans le quartier !

Maurice, mon cher cousin était marié à une très bonne et très brave achicourienne en la personne de Gisèle Boisleux. Ils eurent trois enfants et actuellement, Gisèle est veuve retraitée, toujours sur Achicourt au 3, rue Paul Hantz – vivant avec sa dernière fille Sylvie.

Revenons à Tata Mone. Ma chère Tante a payé une part de notre caveau familial. Elle est enterrée avec son frère , mon Papa, sa belle soeur , Maman et l’un de ses neveux, notre petit garçon (le 4e) Jean-Marc, jumeau de Jean-Luc. Ils sont nés prématurés le 3 juillet 1953 en la clinique Bon Secours mais ont dû être très rapidement transportés au centre des prématurés de l’époque en l’hôpital Saint Jean (là où se sont bâties les tours Saint Jean actuellement, le long de la rue Saint Aubert).
La directrice du centre des prématurés s’appelait Mademoiselle Lagarde, ce fut avec une grande coïncidence, la patronne de notre belle fille Danielle, l’épouse de Jean-Luc, environ 24 ans plus tard !!!

Méta